La galerie COPPEJANS d'Anvers présente jusqu'au 18 février la deuxième partie d'une exposition personnelle consacrée à Denmark, « l'artiste-archiviste » belge connu pour ses méthodes rebelles « d'archiver les information ».
Comme son nom l'indique, "Denmark" est un pseudonyme. Le vrai nom de l'artiste est Marc Robbroeckx et le nom Denmark n'est pas une référence à nos voisins scandinaves d'en haut, mais au surnom flamand "Den Marc". Né en 1950, l'artiste belge a étudié l'histoire de l'art et l'archéologie à l'université de Gand. Après avoir terminé ses études en 1972, Robbroeckx se sent quelque peu dépassé par l'immense quantité d'informations qui s'est accumulée chez lui. D'une part, il ressent une certaine impuissance car il pense que l'abondance d'informations le freine au lieu de l'aider. De même, il sent sa propre pensée ne pouvant jamais suivre le rythme d'un volume cumulatif croissant et incontrôlable d'opinions, de théories, d'idéologies et de faits. Il décide de se rebaptiser "artiste-archiviste".
Il constitue le point de départ d'un projet à long terme dans lequel Denmark commence par détruire, reconstruire et transformer des publications. On leur donne une seconde vie, mais on les prive de leur fonction première : fournir le savoir. Denmark s'efforce de réduire le volume des publications, sachant qu'il ne pourra jamais suivre la vitesse à laquelle les nouveaux documents sont imprimés. Il découpe des livres et des journaux à l'horizontale, brûle et congèle des publications, pulvérise des journaux (notamment les titres de la guerre du Golfe) et les met dans des bocaux en verre. Il plie des pages de magazines avec du fil de cuivre, réalise des sculptures de livres découpées pressées entre deux pinces et colle des bibles Mao entre des lattes de bois. Pour une œuvre de sa série "Death Archive", il a utilisé toutes les anciennes copies d'examen pendant une année d’un seul lycée.
Ironiquement, pour ses sculptures et installations en papier, Denmark a souvent recours à des opérations artisanales et à forte intensité de main-d'œuvre issues de l'imprimerie. Un deuxième élément ironique est que, ce faisant, il se construit effectivement une nouvelle archive, une sorte « d'übermeta archive des archives ».
À travers sa pratique, Denmark interroge la production de masse de papier imprimé et la surcharge d'informations l'accompagnant. Quel est le rôle des médias dans notre façon de penser ? Denmark utilise également son travail pour susciter des questions critiques sur notre culture de gaspillage et de consommation. L'artiste y ajoute d'ailleurs régulièrement une bonne dose d'autodérision.
Dans notre monde numérique actuel, où l'information explose et où les fake news interprètent un parasite persistant, les questions intriguant Denmark n'ont fait que gagner en pertinence. Par ailleurs, suite à cette exposition, les spectateurs ne regarderont plus jamais de la même manière les journaux dans la corbeille à papier et cette pile de livres qui a vraiment besoin d'être relue.
L'œuvre de Denmark est également visible jusqu'au 30 avril 2023 dans une présentation de la collection au M HKA à Anvers. Son travail a également été présenté, entre autres, au SMAK, à Bozar, au Centre Pompidou, au Mu.ZEE, au Van Abbemuseum, au Justiepaleis d'Anvers et au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris. Ses œuvres ont été collectionnées par les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, la Bibliothèque nationale de Paris, Mu.Zee, le SMAK, la collection de la Fondation ARCO et les collections de ING, Belfius, AXA et Delen Private Bank, entre autres.