Les images intitulées Skin (2020) forment une œuvre contigüe avec les pièces de la série Boîte noire (2019), qu’elles viennent compléter. En langage digital, « Skin » s’entend comme les éléments matriciels qui composent une forme numérique tridimensionnelle. Par un processus de dépliage, Thibault Brunet met à plat les textures des bâtiments qui s’étalent comme les briques en vrac d’une boîte de Lego avant la construction du modèle.
Le logiciel opère un classement par taille, des informations les plus denses jusqu’aux pixels les moins renseignés. Visuellement, cet ordonnancement simule une perspective, la vue d’un désert de pierres à l’infini, jusqu’à la limite de perception du regard fixée sur la ligne d’horizon. Cette pure fiction de paysage est d’autant plus troublante lorsqu’on considère la similitude avec les déserts de Syrie, comme celui traversé par la route qui mène de Damas à Palmyre.
Dans l’accrochage, Thibault Brunet présente ces Skin indifféremment, en amorce des maquettes qui leur correspondent ou comme un prolongement, dans un double mouvement d’édification ou de désintégration. Pour filer
la métaphore organique, elles seraient selon les cellules souches propres à régénérer un épiderme ou les squames d’une peau décharnée.