La série Boîte noire est née d’un sentiment étrange, celui d’être voyeur et contempteur d’une excitation menée à l’écart de considérations éthiques au profit d’une esthétique algorithmique.
« Les vues réalisées à partir de vidéos YouTube triées afin de ne retenir que celles des organes de presse, traduites en jpeg, puis modélisées en 3D agencent les ruines de guerre d’Alep et de Damas sous la forme d’une membrane quasi organique et close sur elle- même. À mi- chemin entre la restitution muséographique et le jeu vidéo, ces maquettes paraissent tout à la fois déréalisées et para- doxalement recorporalisées. » [extrait] « Input Output », par Marion Zilio, Boîte noire 2019.
L’objet semble circonscrit par une enveloppe charnelle, dont la couleur sable des briques et les parpaings gris-bleus des bâtiments évoquent une peau meurtrie. Ces membranes quasi organiques et closes sur elles-mêmes recouvrent dès lors leur fonction de boîtes noires, en conservant la trace mémorielle des désastres de la guerre. Une mémoire comme figée dans le marbre qui convoque plus large ment l’histoire du cycle des civilisations, de leur naissance à leur déclin. S’agit-il d’un monde au bord de l’effondrement, une préfiguration anticipée de ses vestiges ? Ou bien des formes en gestation et l’annonce d’une nouvelle ère ?