La question de la lumière comme matière première de la photographie est depuis quelques années au centre des recherches de Mustapha Azeroual. Obtenue par de simples coups de flashs sur la surface photosensible, la série Monade tente de fixer la lumière qui, par définition, est invisible et impalpable. Par ces impacts de flash répétés à des intervalles de temps différents, l’artiste invite le spectateur dans une dynamique visuelle, renforcée par la technique de tirage à la gomme bichromatée qui fait advenir densité et matière à la surface de l’œuvre. Mustapha Azeroual affirme ici sa maîtrise remarquable de ce procédé ancien, hérité du XIXème siècle, qu’il développe en polychromie et selon une palette de couleurs assez peu usitée, en partie composée de pigments fluorescents. En jouant de cette accumulation de couches de lumière et de pigments colorés, l’artiste met tout en œuvre pour sculpter et réifier la lumière, sujet et objet de la série. Tout à coup, la lumière qui, par nature, nous échappe, semble se matérialiser.
La beauté pure de la lumière et la force chromatique si particulière confèrent à ces œuvres une sorte d’intemporalité esthétique que Bruno Nassim Aboudrar, en historien de l’art, a parfaitement exprimé en classant l’artiste dans la filiation du color field painting (Chronique Rothko et ses frères, revue Diptyk, juin 2020).