Le projet pour Art Rotterdam explore les différences subtiles entre le terme français "nature morte" ("nature morte" au sens littéral) et l’expression anglaise "still life". Les œuvres du photographe allemand Sebastian Riemer et du peintre azerbaïdjanais Niyaz Najafov examinent ces deux perspectives : tandis que "nature morte" évoque la décomposition et l’impermanence, "still life" capture un instant figé.
La série "STILLS" de Sebastian Riemer aborde les thèmes de la préservation et de l’obsolescence à travers l’utilisation de diapositives 35 mm abandonnées. Par des reproductions minutieuses, il transforme ces supports en photographies sculpturales, superposant les couches de sens et mettant en évidence la tension entre l’œuvre originale et sa reproduction, soulignant ainsi la "nature morte" des médias analogiques. Un exemple marquant présenté est une diapositive de la "nature morte" de Jeff Wall.
Niyaz Najafov vient compléter cette réflexion avec des peintures expressives qui insufflent de la vie aux objets inanimés. Par ses coup de pinceaux dynamiques, il révèle la vitalité sous-jacente aux roses dans des vases improbables, un motif qu'il répète obsessionnellement, remettant en question l’immobilité propre à la "nature morte".
Par ailleurs, les œuvres de Paula de Solminihac, Alexander Morozov et Leyla Cárdenas enrichissent encore cette thématique. Les livres en céramique de Solminihac incarnent à la fois la fragilité et la permanence, tandis que la peinture à tempera "Fleurs de Sorcière" de Morozov évoque la dimension mystique de la nature. L'œuvre textile de Cárdenas, qui met en lumière des lichens poussant sur du béton près d’une rivière polluée, symbolise la résilience et la renaissance du vivant.
Ensemble, ces artistes apportent un regard renouvelé sur la pertinence intemporelle de la "nature morte", invitant le spectateur à réfléchir à la relation entre vie, décomposition et renaissance.